Histoire du chanvre

Histoire du chanvre

Le chanvre est une des premières plantes domestiquées par l’homme, au Néolithique, probablement en Asie. Il a ensuite accompagné migrations et conquêtes pour se répandre sur tous les continents.

Hanfeinlegen (immersion du chanvre), huile de Théodore von Hörmann, peintre autrichien du XIXe siècle.

Néolithique

Des traces archéologiques de son utilisation ancienne par l’homme ont d’abord été trouvées en Chine, dans l’un des foyers de la révolution agricole néolithique. Les fouilles du site néolithique de Xianrendong (dans le Jiangxi), daté de 8000 av. J.-C. ont ainsi livré de la céramique, certains pots décorés de fibres spiralées de chanvre1. Puis d’autres traces ont été trouvées de l’Europe au Japon, plus anciennes encore2. L’origine géographique du chanvre n’est pas certaine : plaines de l’Asie centrale dans le secteur du lac Baïkal pour certains, région moyenne du fleuve Jaune en Chine pour d’autres, ou encore contreforts indiens de l’Himalaya. Plusieurs études archébotaniques récentes suggèrent son apparition dans certains foyers préhistoriques au même moment, à la fois au Japon et en Europe de l’Est entre il y a environ 11 500 et 10 200 ans2.

Il s’agirait donc d’une des premières plantes domestiquées par l’homme, probablement tout à la fois pour ses fibres solides, ses graines oléagineuses nourrissantes et les propriétés médicinales de sa résine3.

Les données paléobotaniques récentes, basées sur les collectes de pollen, fruits et fibres de cannabis dans les fouilles archéologiques montrent que durant un court laps de temps, à la fin de la dernière ère glaciaire, deux groupes humains ont commencé à cultiver et utiliser, indépendamment, une nouvelle plante, le cannabis. Une étude archéologique du cannabis a aussi mis en relation une intensification de la consommation en Asie orientale, avec la montée du commerce transcontinental au tout début de l’âge du bronze, il y a environ 5000 ans2.

C’est le moment où les Yamnaya (nom donné au peuple vivant alors dans le centre de l’Eurasie et considéré comme l’une des trois tribus principales ayant fondé la civilisation européenne) se sont dispersés vers l’est ; Peut-être grâce à la maîtrise de l’équitation qui a permis d’ouvrir des routes commerciales plus régulières et longues, ils pourraient à cette occasion avoir répandu l’usage du cannabis (comme fibre textile et peut-être ses usages médicaux ou psychoactifs), dans toute l’Eurasie2.

Le chanvre pourrait avoir été domestiqué en plus d’un endroit, et favorisé par les changements sociaux et techniques caractérisant l’aube de l’âge du bronze, sans que l’on puisse actuellement savoir cependant, si cet engouement était lié à ses propriétés psychoactives, mais quelques auteurs chercheurs ont suggéré que la découverte de graines brûlées dans plusieurs sites archéologiques peut laisser penser que fumer du cannabis peut être en certaines occasions spéciales comme des fêtes ou certains rituels) était pratiqué par certains hommes préhistoriques et que cette pratique a pu se répandre en Eurasie 2.

Selon Barney Warf (Université du Kansas à Lawrence), les historiens grecs rapportent que les Scythes (pasteurs et nomades de la période qui a suivi l’Age du Bronze, venus des steppes d’Europe centrale, qui ont succédé aux Yamnaya utilisaient régulièrement du cannabis comme une drogue2.

Antiquité

, l’idéogramme chinois pour le chanvre, représente deux plantes dans un séchoir.

En Égypte antique, on trouve une trace écrite de l’utilisation médicinale du chanvre. Ainsi le papyrus Ebers (rédigé 1500 ans av. J.-C.) mentionne l’utilisation d’huile de chènevis4 pour soigner les inflammations vaginales (formule no 821, p. 96, lignes 7-8).

En Chine, le plus ancien traité de matière médicale (Shennong bencao jing), compilé aux alentours du début de notre ère, mentionne le cannabis5,6 (maben 麻贲, actuellement dama 大麻). Il est classé dans les drogues de catégorie supérieure destinées à prolonger la vie (“alléger le corps” comme celui d’un Immortel chevauchant les nuages).

À la même époque, dans le domaine gréco-latin, le médecin botaniste grec Dioscorides décrit dans De Materia Medica (Ier siècle), un kannabis emeros (femelle), identifié comme le Cannabis sativa :

« Le cannabis est une plante de grande utilité qui permet de tresser des cordes très solides… Mangé en grande quantité, il empêche de concevoir des enfants. Le jus de la plante verte est bon contre le mal d’oreille… »

— (MM 3-165)

Le cannabis était connu des Scythes, pour lesquels l’historien grec Hérodote (450 av. J.-C.) témoigne d’un usage courant en tant que textile. Il y décrit au même titre des séances de fumigation collective. Les Scythes dressaient de petites tentes de laine serrée où ils organisaient des bains de vapeur à partir de fleurs de chanvre brulées dans un vase contenant des pierres rougies qui entraînaient la confusion des participants 7. Le professeur Sergueï Ivanovitch Roudenko, archéologue soviétique, a confirmé l’utilisation courante du cannabis par les Scythes avec la découverte en 1929 sur le site de Pazyryk d’un chaudron de bronze rempli de graines de chanvre carbonisées, ainsi que des vêtements de chanvre et des encensoirs métalliques8. Ces peuplades nomades, qui ne pratiquaient pas l’agriculture, ont probablement joué un rôle dans la diffusion du chanvre, à travers leurs migrations dans les steppes eurasiennes. Le chanvre est en effet une plante rudérale, qui colonise les habitats anthropisés (perturbés par l’homme). Elle est écologiquement adaptée aux milieux ouverts (donc ensoleillés), aux sols riches en azote (à cause des déjections des troupeaux), caractéristiques des abords de campements9.

Depuis l’Antiquité, les peuples germaniques cultivaient également le chanvre dont les fibres servaient à la fabrication de vêtements et de cordes pour les bateaux. Ainsi, à Eisenberg dans le Thuringe, des fouilles archéologiques ont mis au jour des semis de chanvre à côté de poteries datant de 5500 av. J.-C. Sur l’éventualité d’un usage aromatique et herboristique du chanvre par les peuples germaniques, la découverte de la plus ancienne pipe du monde dans un tombeau datant de l’âge de bronze (1500 av. J.-C.), à Bad Abbach (Bavière) laisse ouverte l’hypothèse d’un usage psychotrope par inhalation de fumée 10. On sait également que jusqu’en 1516 et la promulgation de la « loi de pureté » Reinheitsgebot, influencée par les prescriptions de la moniale Hildegarde de Bingen qui a favorisé l’usage unique du houblon dans l’aromatisation de la bière, de nombreuses plantes aromatiques et médicinales composaient les recettes des bières de l’Antiquité et du Moyen Âge. Il est fort probable que le chanvre ait été utilisé comme gruit, aux côtés d’autres plantes locales  : achillée millefeuille, ivraie enivrante, myrte des marais, lédon des marais, marjolaine, trèfle d’eau, armoise, germandrée, genêt à balais, jusquiame, sauge des bois 11.

Dans l’Empire romain, on retrouve la trace du chanvre dans plusieurs écrits, comme ceux de Pline l’Ancien. Celui-ci y consacre un paragraphe dans son Histoire naturelle (livre XIX traitant de la culture du lin et de l’horticulture)12 où il donne de précieux conseils en matière de choix variétal, date de semis, de récolte, etc. Galien met en garde13 contre cette plante : « Certains mangent les graines frites avec des sucreries. J’appelle sucrerie les nourritures servies au dessert pour inciter à boire. Les graines apportent une sensation de chaleur et si consommées en grandes quantités, affectent la tête en lui envoyant des vapeurs chaudes et toxiques ». Au IIe siècle, les Romains vont introduire la culture du chanvre en Gaule avec celle du seigle, de la gesse et de la vesce. La fouille archéologique de la villa de Saint-Romain de Jalionas (Isère) met ainsi à jour plusieurs aires de rouissage du chanvre. Le plant de chanvre doit en effet subir une décomposition partielle afin que le ciment pectique et les fibres ligneuses se désolidarisent des fibres de cellulose. L’immersion des pieds dans l’eau permet d’accélérer ce processus. D’autres découvertes archéologiques, aussi bien dans la région de Marseille14 que dans le Sud-Ouest15 (site de Al Poux dans le Lot) laissent cependant supposer que le chanvre était cultivé et utilisé en Gaule bien avant la romanisation.

En Chine, l’époque des Han occidentaux, au IIIe siècle le grand chirurgien Hua Tuo réalise des opérations sous anesthésie par usage médical du chanvre. Le terme chinois pour anesthésie (麻醉  : má zuì) est d’ailleurs composé de l’idéogramme qui désigne le chanvre, suivi de celui qui signifie l’ivresse.

L’usage textile du chanvre à l’époque biblique chez les Hébreux est aujourd’hui documenté16. Un débat reste cependant ouvert quant à la citation explicite ou implicite du chanvre dans la Bible hébraïque. Le livre de l’Exode, en 30:22-31, décrit la confection de l’huile sacerdotal à partir d’huile d’olive, de cinq cents sicles de myrrhe, deux cent cinquante sicles, de cinnamone aromatique et deux cent cinquante sicles de canne aromatique 17. Ce dernier ingrédient (קַנַּבּוֹס (qannabbôs) en hébreu) devrait être traduit par cannabis selon certains linguistes. Ces conclusions sont notamment celles de Sula Benet de l’Institut des Sciences Anthropologiques de Varsovie en 1936 18. Les recherches académiques menées dans les années 1980 par Raphael Mechoulam et ses collaborateurs à l’Université hébraïque de Jérusalem tendent vers des conclusions similaires 19. Dans la Bible, en Exode 30:26, il est demandé à Moïse de oindre de cette huile la tente des convocations et de l’utiliser comme encens (quoique sur ce dernier point le texte est sujet à interprétation). Certains questionnent ce texte et le rapprochent de l’usage des bains de vapeurs de chanvres dans une tente de laine décrit par Hérodote chez les Scythes. Leur argumentation repose par exemple sur les contacts avérés entre Scythes et Anciens Hébreux. Mais tout cela n’est qu’hypothèse et un sujet de controverse qui reste principalement documenté dans la littérature favorable à un usage psychotrope du chanvre20. Il existe cependant une preuve avérée d’un usage médicinal du cannabis au Proche-Orient par la découverte en 1993 d’une équipe d’archéologues à Beit Shemesh entre Jérusalem et Tel-Aviv un tombeau contenant le squelette d’une jeune fille de 14 ans environ. Des pièces romaines ont permis de dater cette tombe au IVe siècle de notre ère. La région pelvienne contenait le squelette d’un fœtus à terme, de taille trop importante pour permettre une délivrance par les voies naturelles. Un résidu carbonisé trouvé sur l’abdomen de la jeune fille a révélé à l’analyse spectrographique contenir du delta-6-tétrahydrocannabinol, un composant stable du cannabis. Les auteurs de la découverte ont supposé que ces cendres provenaient de la combustion de cannabis dans un récipient, administré à la jeune fille comme inhalant pour faciliter l’accouchement21.

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