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![\"\"](\"https:\/\/i0.wp.com\/www.lagrangeducbd.be\/wp-content\/uploads\/2021\/11\/c2ab-fumeurs-de-haschich-c2bb-par-gaetano-previati-1887.jpg?resize=640%2C285&ssl=1\")
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L\u2019histoire d\u2019un Kif<\/em><\/strong><\/p> Dans\u00a0la langue fran\u00e7aise on trouve une des premi\u00e8res occurrences du mot arabe kif<\/em>\u00a0en 1670, dans la traduction de l\u2019Histoire de l\u2019\u00e9tat pr\u00e9sent de l\u2019Empire ottoman<\/em><\/strong>\u00a0du chevalier Paul Rycaut, un historien et diplomate anglais du XVIIe<\/sup> si\u00e8cle. Apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 envoy\u00e9 pendant huit ans en ambassade \u00e0 Constantinople aupr\u00e8s du sultan Mehmed IV, il rapporte dans son ouvrage que \u00ab\u202fles Turcs sont persuadez, qu\u2019il est impossible de boire du vin avec mod\u00e9ration<\/em>\u202f\u00bb et qu\u2019ils n\u2019en \u00ab\u202fboivent jamais qu\u2019\u00e0 pleine tasse, & autant qu\u2019il en faut pour les mettre dans leur Kaif, comme ils disent, c\u2019est-\u00e0-dire, dans une gayet\u00e9 qui tient de l\u2019extravagance d\u2019un yvrogne<\/a><\/em><\/strong>\u202f\u00bb. Selon cette d\u00e9finition, le Kaif<\/em>serait un protocole propre aux orientaux et visant \u00e0 s\u2019abreuver de liqueurs dans le but de \u00ab\u202fse mettre bien\u202f\u00bb. Au XIXe<\/sup> si\u00e8cle, l\u2019orientaliste Antoine Isaac Silvestre de Sacy dans sa Chrestomathie arabe<\/a><\/em><\/strong> (1826) parle du Keff<\/em>, qu\u2019il d\u00e9finit comme \u00e9tant un d\u00e9riv\u00e9 du mot kief<\/em> d\u00e9signant en Perse \u00ab\u202ftoutes les substances qui ont la vertu de causer une sorte d\u2019ivresse plus ou moins forte, ou une gaiet\u00e9 extraordinaire et factice<\/a><\/em>\u202f\u00bb que sont le tabac, le pavot et le chanvre. Cette fois-ci, il n\u2019est plus mention d\u2019alcool mais de plantes, et notre auteur pr\u00e9cise que chez les Arabes d\u2019\u00c9gypte le ke\u00eff<\/em> d\u00e9signe l\u2019esp\u00e8ce de \u00ab\u202fstupeur voluptueuse o\u00f9 les jette l\u2019usage du haschischa<\/strong><\/em><\/a>\u202f\u00bb. Nous y voil\u00e0\u202f! Haschich<\/em>, mot arabe \u00e9galement, signifie \u00ab\u202fherbe\u202f\u00bb et qualifie plus sp\u00e9cifiquement l\u2019herbe de la joie<\/em> qu\u2019est le cannabis ou chanvre, et \u00e0 partir de laquelle ce psychotrope est fabriqu\u00e9. On conna\u00eet cette plante originaire d\u2019Asie depuis l\u2019Antiquit\u00e9, notamment en Inde et au Y\u00e9men, et d\u00e8s les premiers si\u00e8cles de notre \u00e8re quelques auteurs savants en font d\u00e9j\u00e0 mention dans leurs ouvrages. Ainsi Pline l\u2019Ancien (23-79)<\/strong> dans La botanique et la mati\u00e8re m\u00e9dicale<\/a><\/em><\/strong>, avait d\u00e9j\u00e0 class\u00e9 la plante dans la cat\u00e9gorie Urtic\u00e9es<\/em> et Dioscoride (20?-90?)<\/strong> faisait mention du Cannabis sativa<\/em> dans son De materia medica<\/a><\/em><\/strong>.<\/p> <\/p> Dans Bons augures litt\u00e9raires, concernant les vertus du chanvre<\/em><\/strong>, une sorte de recueil de po\u00e8mes arabes r\u00e9dig\u00e9 au XIIIe<\/sup> si\u00e8cle par un certain Hasan Ask\u00e9ri, on trouve quelques informations relatives \u00e0 l\u2019introduction et \u00e0 la consommation du haschich en Orient au Moyen \u00c2ge. Selon cet ouvrage, l\u2019initiateur du kif<\/em> serait le sche\u00efkh Ha\u00efder<\/strong>, un asc\u00e8te vivant dans un couvent au c\u0153ur des montagnes perses entour\u00e9 de fid\u00e8les fakirs. C\u2019est en l\u2019an 658 de l\u2019H\u00e9gire (notre XIIIe<\/sup> si\u00e8cle) que le sche\u00efkh aurait d\u00e9couvert la fameuse plante au hasard d\u2019une promenade\u202f; il en aurait alors fait ing\u00e9rer \u00e0 ses disciples qui se seraient aussit\u00f4t trouv\u00e9s dans \u00ab\u202fune disposition gaie et joyeuse<\/em><\/strong>\u202f\u00bb. Le sche\u00efkh leur aurait alors ordonn\u00e9 de \u00ab\u202ftenir secr\u00e8te la d\u00e9couverte [\u2026] et les fit promettre avec serment de ne point la communiquer au commun des hommes, et de ne point la cacher aux fakirs<\/a><\/em><\/strong>\u202f\u00bb.<\/p> <\/p> Bon, je ne vous cache pas que le plan du sche\u00efkh ne s\u2019est pas tout \u00e0 fait d\u00e9roul\u00e9 comme pr\u00e9vu. Certes le haschich a bien \u00e9t\u00e9 \u2014 dans un premier temps \u2014 adopt\u00e9 par les fakirs (d\u2019o\u00f9 son appellation d\u2019Herbe des Fakirs<\/em>), mais tr\u00e8s vite sa consommation s\u2019est g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e dans la population si bien qu\u2019en peu de temps \u00ab\u202fcette drogue se r\u00e9pandit dans l\u2019Irak\u202f; et les peuples de la Syrie, de l\u2019\u00c9gypte et du pays de Roum, en ayant entendu parler, en adopt\u00e8rent aussi l\u2019usage<\/em><\/strong><\/a>\u202f\u00bb. On ne sait pas qui a vendu la m\u00e8che, mais j\u2019ai une petite id\u00e9e\u202f; personnellement j\u2019accuserais volontiers les po\u00e8tes tel le savant Mohammed Dimaschki fils d\u2019Ali, fils d\u2019Aama (pour ne pas le citer), auteur de ces quelques vers\u202f: \u00ab\u202fLaisse l\u00e0 le vin, prend \u00e0 sa place la coupe de Ha\u00efder. <\/em><\/strong>[\u2026] Jamais le vin n\u2019a produit les sentiments que renferme cette coupe bienfaisante\u202f: ferme donc l\u2019oreille aux discours de l\u2019insens\u00e9 qui ose en proscrire l\u2019usage. C\u2019est comme une vierge innocente\u2026<\/strong><\/a>\u202f\u00bb, etc. Il continue en insistant sur l\u2019utilit\u00e9 du haschich pour amadouer les gazelles\u202f; surtout celles qui d\u2019ordinaire ne veulent pas de toi\u202f:\u00ab\u202fTelle jeune beaut\u00e9 \u00e0 la taille l\u00e9g\u00e8re, que j\u2019avois toujours vue pr\u00eate \u00e0 prendre la fuite, dont jamais le visage ne s\u2019\u00e9toit offert \u00e0 mes regards qu\u2019avec les traits farouches d\u2019une fiert\u00e9 cruelle\u202f; je l\u2019ai rencontr\u00e9e un jour avec un visage riant, une humeur douce et facile, et toutes les gr\u00e2ces d\u2019une soci\u00e9t\u00e9 pleine de douceur et de charmes. Apr\u00e8s avoir obtenu d\u2019elle ce que je d\u00e9sirois, je lui ai t\u00e9moign\u00e9 ma reconnaissance de ce qu\u2019\u00e0 tant de rebuts avoit enfin succ\u00e9d\u00e9 un accueil favorable<\/a><\/em><\/strong>\u202f\u00bb. Prodigieux\u2026 \u00ab\u202fEmball\u00e9 c\u2019est pes\u00e9\u202f\u00bb, comme on dit chez nous\u202f! Avec ce genre de publicit\u00e9, qu\u2019on ne s\u2019\u00e9tonne pas de l\u2019expansion massive de la denr\u00e9e ! Dans ce m\u00eame recueil, il y a aussi une chansonnette que j\u2019ai bien aim\u00e9e, alors je vous la rapporte\u202f: \u00ab\u202fArr\u00eate la main des chagrins par l\u2019usage du keff\u202f: le keff est le rem\u00e8de des amans tourment\u00e9s par les soucis cruels. Aie recours, pour les apaiser, \u00e0 la fille du chanvre, et non \u00e0 celle de la vigne. Loin d\u2019ici la fille de la vigne\u202f!\u202f\u00bb<\/a><\/em><\/strong> \u00c7a, c\u2019est de la po\u00e9sie engag\u00e9e\u202f!<\/p> Voil\u00e0 comment, d\u00e8s le Moyen \u00c2ge, la plante malicieuse a commenc\u00e9 \u00e0 \u00e9tendre son emprise sur une grande partie de l\u2019Arabie<\/em>. Prochaine \u00e9tape, l\u2019Occident !<\/p> Le kif<\/em> \u00e0 la fran\u00e7aise\u202f: Moreau de Tours et le club des\u00a0Hashischins<\/strong><\/p> Hop\u202f! Petit bond dans l\u2019Histoire, nous sommes \u00e0 pr\u00e9sent en 1800 et le jeune g\u00e9n\u00e9ral Napol\u00e9on vient de rentrer se son exp\u00e9dition en \u00c9gypte o\u00f9 il a manqu\u00e9 de se faire poignarder par un consommateur de haschich en plein d\u00e9lire\u202f; aussi d\u00e9cide-t-il de faire \u00e9diter un d\u00e9cret interdisant la consommation du cannabis dans ce pays ainsi que son exportation, afin de prot\u00e9ger la bonne soci\u00e9t\u00e9 fran\u00e7aise de ce fl\u00e9au.<\/p> <\/p> Bel effort de Napol\u00e9on, malheureusement lorsque l\u2019on a go\u00fbt\u00e9 au kif<\/em> il est difficile de s\u2019en d\u00e9faire et en Orient on peine \u00e0 endiguer le ph\u00e9nom\u00e8ne. Rapidement, avec la conqu\u00eate de l\u2019Alg\u00e9rie par la France (1830), le kif<\/em> apparait dans la litt\u00e9rature coloniale, diabolis\u00e9. Ainsi on retrouve le t\u00e9moignage d\u2019un Maure accus\u00e9 de meurtre sous l\u2019emprise du haschich, rapport\u00e9 en 1857 dans la Gazette m\u00e9dicale de l\u2019Alg\u00e9rie<\/em>. L\u2019homme raconte\u202f: \u00ab\u202fje suis entr\u00e9 dans un caf\u00e9 maure, j\u2019ai achet\u00e9 quinze centimes de kiff, et j\u2019ai fum\u00e9 toute la matin\u00e9e, en visitant plusieurs d\u00e9bits o\u00f9 j\u2019ai pris d\u2019abord une bouteille de vin, puis environ six verres d\u2019anisette<\/strong><\/em><\/a>\u202f\u00bb [\/!\\ ALERTE\u202f! DANGER\u202f! \/!\\]. Les effets de ce cocktail d\u00e9tonnant ne se font pas attendre\u202f: \u00ab\u202fJ\u2019ai \u00e9prouv\u00e9 alors de l\u2019ivresse, des naus\u00e9es suivies d\u2019un vomissement. \u00c0 ce moment, j\u2019ai eu une altercation avec quelques juifs, qui m\u2019ont terrass\u00e9. Du reste je ne me rappelle pas bien comment cette rixe est arriv\u00e9e. Vers trois heures, je suis remont\u00e9 chez moi, j\u2019ai pris un b\u00e2ton et suis redescendu pr\u00e8s du caf\u00e9 maure, pour y rejoindre mes adversaires\u202f; d\u00e8s lors je ne me souviens plus de ce qui s\u2019est pass\u00e9<\/a><\/em><\/strong>\u202f\u00bb. Blackout<\/em> total pour notre pauvre Maure en perdition\u2026 Eh oui, fumer le kif<\/em>\u00a0peut rendre fou\u202f!<\/p> En parlant de folie, il est temps de vous pr\u00e9senter un des acteurs de l\u2019introduction de la culture du kif<\/em> en France, il s\u2019agit de Moreau de Tours (1804-1884)<\/strong>, Jacques-Joseph de son pr\u00e9nom, m\u00e9decin ali\u00e9niste (aujourd\u2019hui on dirait psy). Celui qui n\u2019\u00e9tait pas encore p\u00e8re du c\u00e9l\u00e8bre peintre Georges Moreau de Tours, revient alors d\u2019un voyage en Syrie (entre 1836-1840) o\u00f9 il a d\u00e9couvert le haschich. Malgr\u00e9 les interdits, il d\u00e9cide d\u2019en rapporter \u00e0 Paris afin de continuer \u00e0 \u00e9tudier les effets de la substance, persuad\u00e9 de ses vertus th\u00e9rapeutiques permettant le traitement de certaines maladies mentales. La v\u00e9rit\u00e9 c\u2019est que J-J a aussi d\u00e9velopp\u00e9 une v\u00e9ritable passion pour le haschich\u2026 Coquinou !<\/p> Moreau de Tours (source BIU Sant\u00e9).<\/p> Comme c\u2019est un chic type, il d\u00e9cide d\u2019en faire profiter son entourage et cr\u00e9e d\u00e8s 1843, avec le peintre Boissard, un club pour les amateurs de cannabis \u00e0 Paris\u202f: le club des Hashischins<\/strong>. C\u2019est l\u2019\u00e9poque o\u00f9 la boh\u00e8me parisienne se r\u00e9unit au sein de divers clubs, tous plus farfelus les uns que les autres (relisez donc l\u2019article sur les Fumistes<\/a>\u00a0pendant que vous y \u00eates!), et c\u2019est en l\u2019h\u00f4tel Pimodan sur l\u2019\u00eele Saint-Louis, chez Boissard, que les\u00a0hashischins se retrouvent pour s\u2019encanailler, enfin, pour \u00ab\u202fhalluciner\u202f\u00bb puisque tel est le programme propos\u00e9 par Boissard \u00e0 ses invit\u00e9s\u202f:<\/p> Invitation de Boissard \u00e0 Th\u00e9ophile Gautier, novembre 1845<\/p> Ils sont donc po\u00e8tes, \u00e9crivains (Gautier<\/strong>, Dumas<\/strong>, Balzac<\/strong>, Flaubert<\/strong>, Nerval<\/strong>, Baudelaire<\/strong>), ou encore peintres (Delacroix<\/strong>, Daumier<\/strong>)\u202f; bref, du beau monde en qu\u00eate d\u2019exp\u00e9riences int\u00e9rieures, cherchant \u00e0 explorer la psych\u00e9 et exploiter un potentiel cr\u00e9atif insoup\u00e7onn\u00e9.<\/p> Autour de J-J et de ses petites confitures<\/em> de cannabis faites maison (dawamesk<\/em>), artistes et intellectuels viennent s\u2019ensuquer lors de ces soir\u00e9es baptis\u00e9es fantasias<\/em>. Mais ne vous m\u00e9prenez pas\u202f; pour Moreau de Tours ce club est avant tout un lieu d\u2019exp\u00e9rimentation et d\u2019observation de la folie artificielle<\/em>. Encore une fois, tout \u00e7a, c\u2019est pour la science\u202f! Et l\u2019on peut dire que Moreau prend son travail tr\u00e8s \u00e0 c\u0153ur. Voyez la description que fait Gautier de J-J lorsque ce dernier lui distribue sa toute premi\u00e8re dose de cannabis\u202f: \u00ab\u202fLa figure du docteur rayonnait d\u2019enthousiasme\u202f; ses yeux \u00e9tincelaient, ses pommettes se pourpraient de rougeurs, les veines de ses tempes se dessinaient en saillie, ses narines dilat\u00e9es aspiraient l\u2019air avec force<\/em><\/strong>. \u201cCeci vous sera d\u00e9falqu\u00e9 sur votre portion de paradis\u201d, me dit-il en me tendant la dose qui me revenait<\/strong><\/em><\/a>\u202f\u00bb. Vous pourrez dire ce que vous voulez, J-J n\u2019\u00e9tait pas l\u00e0 pour badiner, il s\u2019est d\u2019ailleurs livr\u00e9 corps et \u00e2me \u00e0 ses exp\u00e9rimentations. Dans Du haschisch, des r\u00eaves et de l\u2019ali\u00e9nation mentale<\/em><\/strong> qu\u2019il publie en 1845, il affirme que \u00ab\u202fL\u2019exp\u00e9rience personnelle est ici le crit\u00e9rium de la v\u00e9rit\u00e9. Je conteste \u00e0 quiconque le droit de parler des effets du haschich, s\u2019il ne parle en son nom propre, et s\u2019il n\u2019a \u00e9t\u00e9 \u00e0 m\u00eame de les appr\u00e9cier par un usage suffisamment r\u00e9p\u00e9t\u00e9<\/a><\/em>\u202f\u00bb. Des nuits de labeur, je vous dis\u202f!<\/p> L\u00e9gende\u202f: \u00ab\u202fAh\u202f! quel plaisir oriental je commence \u00e0 \u00e9prouver\u2026 il me semble que je trotte sur un chameau\u202f!\u00a0\u2014 Et moi\u2026 je crois recevoir une bastonnade\u202f!\u2026\u202f\u00bb<\/p> Mais la consommation de cannabis n\u2019est pas sans danger, nous l\u2019avons vu plus haut, et un hashischin risque \u00e0 tout moment de sombrer dans \u00ab\u202fles affres\u202f\u00bb, comme ils disent. Convaincu de la toxicit\u00e9 de la substance le sage Baudelaire, qui n\u2019assistait aux fantasias<\/em> qu\u2019en tant que spectateur, d\u00e9clare ainsi dans Les Paradis artificiels<\/em> (1860)\u202f: \u00ab\u202fC\u2019est la punition de la prodigalit\u00e9 impie avec laquelle vous avez d\u00e9pens\u00e9 le fluide nerveux. Vous avez diss\u00e9min\u00e9 votre personnalit\u00e9 aux quatre vents du ciel, et, maintenant, quelle peine n\u2019\u00e9prouvez-vous pas \u00e0 la rassembler et \u00e0 la concentrer\u202f?<\/a><\/em>\u202f\u00bb. En parlant de fluide\u2026 il est une autre contre-indication \u00e0 la consommation du cannabis et qui concerne davantage ces Messieurs. Je veux parler d\u2019impuissance sexuelle et je laisse le docteur Roubaud, un confr\u00e8re de J-J qui en a fait les frais, vous conter sa mis\u00e9rable exp\u00e9rience\u202f: \u00ab\u202fJe voulus alors me livrer au co\u00eft. Mais au moment o\u00f9 je croyais atteindre le but, un obstacle infranchissable s\u2019opposa \u00e0 l\u2019intromission de la verge, et mes forces s\u2019us\u00e8rent \u00e0 le vaincre\u202f; bris\u00e9 de fatigue et couvert de sueur, je dus renoncer \u00e0 accomplir cette \u0153uvre immense, l\u2019organe copulateur participant lui-m\u00eame \u00e0 l\u2019abattement de tout l\u2019organisme<\/strong><\/a><\/em>\u202f\u00bb. Que ceci vous serve d\u2019avertissement\u202f!<\/p> D\u00e9cid\u00e9ment, la consommation du haschich comporte bien des risques\u202f! Il en est de m\u00eame pour d\u2019autres drogues en vogue \u00e0 l\u2019\u00e9poque tels la morphine<\/strong>, l\u2019absinthe<\/strong> ou encore l\u2019opium<\/strong> dont l\u2019usage n\u2019est alors aucunement prohib\u00e9. C\u2019est seulement au XXe<\/sup> si\u00e8cle qu\u2019est mise en place une l\u00e9gislation incriminant \u00ab\u202fl\u2019importation, le commerce, la d\u00e9tention et l\u2019usage des substances v\u00e9n\u00e9neuses\u202f\u00bb avec la loi du 12\u00a0juillet 1916<\/strong>, d\u2019ailleurs rudement accueillie par les milieux artistiques. On peut rappeler \u00e0 ce titre le pamphlet au vitriol qu\u2019Antonin Artaud<\/strong>, au seuil de ses trente ans, adresse au l\u00e9gislateur de cette loi. Pour vous la faire courte, la lettre commence par \u00ab\u202fMonsieur le l\u00e9gislateur de la loi de 1916, agr\u00e9ment\u00e9e du d\u00e9cret de juillet\u00a01917 sur les stup\u00e9fiants, tu es un con.<\/em><\/strong>\u202f\u00bb et se cl\u00f4t sur \u00ab\u202fEt maintenant avale ta loi.<\/em><\/strong>\u202f\u00bb ce qui, selon moi, manque tout de m\u00eame un peu de tact, n\u2019est-il pas\u202f? [Lire l\u2019enti\u00e8ret\u00e9 de la lettre ici<\/a>]. Pourtant l\u2019usage du cannabis en France est encore relativement marginal\u202f; il faut attendre les folles ann\u00e9es\u00a01960-70 pour que sa consommation explose. La toxicomanie grandissante, et de plus en plus juv\u00e9nile, au sein de la population fran\u00e7aise implique la mise en place de mesures sanitaires et l\u00e9gislatives drastiques d\u00e8s la fin de l\u2019ann\u00e9e\u00a01970. D\u00e8s lors, l\u2019usage de substances stup\u00e9fiantes est consid\u00e9r\u00e9 comme un d\u00e9lit tant en soci\u00e9t\u00e9 que dans la sph\u00e8re priv\u00e9e\u202f; c\u2019est la loi qui est toujours en vigueur aujourd\u2019hui.<\/p> Et je vous quitte avec cet amusant t\u00e9moignage adress\u00e9 \u00e0 madame Hanska par un Balzac<\/strong> fanfaronnant, qui s\u2019est cru plus fort que les psychotropes\u202f: \u00ab\u202fJ\u2019ai r\u00e9sist\u00e9 au haschich et je n\u2019ai pas \u00e9prouv\u00e9 tous les ph\u00e9nom\u00e8nes\u202f: mon cerveau est si fort qu\u2019il fallait une dose plus forte que celle que j\u2019ai prise<\/strong><\/em><\/a>\u202f\u00bb dit-il avant de reconna\u00eetre\u202f: \u00ab\u202fN\u00e9anmoins, j\u2019ai entendu des voix c\u00e9lestes<\/strong> et j\u2019ai vu des peintures divines. J\u2019ai descendu pendant vingt ans l\u2019escalier<\/strong> de Pimodan\u2026 Mais ce matin, depuis mon r\u00e9veil, je dors toujours, et je suis sans volont\u00e9<\/strong><\/em>\u202f\u00bb. Aussi, m\u00e9fiance mes amis, ne sous-estimez pas l\u2019emprise des paradis artificiels\u202f!<\/p> Cet article vous a plu\u202f? Vous en voulez davantage\u202f?\u00a0Vous pouvez me soutenir en quelques clics en faisant un don sur\u00a0\u00a0!\u00a0<\/a> Merci\u202f;-)<\/p> et partagez cet article \u00e0 foison\u202f!<\/strong><\/p> Ma biblio<\/strong>\u202f:<\/p> Bon, je ne vous cache pas que le plan du sche\u00efkh ne s\u2019est pas tout \u00e0 fait d\u00e9roul\u00e9 comme pr\u00e9vu.<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":2213,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":true,"template":"","format":"standard","meta":{"_oct_exclude_from_cache":false,"_jetpack_memberships_contains_paid_content":false,"footnotes":""},"categories":[23,44,45,3,48,5],"tags":[],"jetpack_sharing_enabled":true,"jetpack_featured_media_url":"https:\/\/i0.wp.com\/www.lagrangeducbd.be\/wp-content\/uploads\/2021\/11\/toch.jpeg?fit=259%2C194&ssl=1","_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2209"}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=2209"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2209\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":2214,"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2209\/revisions\/2214"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/media\/2213"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=2209"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=2209"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/www.lagrangeducbd.be\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=2209"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}
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